(Jour 6) Au réveil, on a bien dormi, les chaussettes ont fait leur effet : je n’ai pas froid aux pieds !! Par contre dehors l’herbe est gelée, la voiture aussi. Il fait toujours -6°C dehors (et dedans aussi, il y a de la glace dans la voiture !). Epreuve du jour : s’habiller, comme tous les jours c’est du bonheur… T-shirt manche longue + petit pull + gros pull + veste quechua + manteau, je suis parée.

Le parking est juste à côté d’une ancienne gare ouverte au public avec un bout de train à côté duquel on a dormi. On court à travers le parking pour se réchauffer, tout en tapant nos mains sur nos bras, comme au ski ! Heureusement qu’on a pris des gans…

Pendant que je prépare les bols de céréales j’entends Séverin dire : « Putain mec ça va ? ». Ah… Marin a glissé sur l’enrobé encore glacé et se tient le coude… On croise les doigts pour que ce ne soit pas cassé, l’hôpital n’est pas prévu pendant le voyage ! Je sais qu’il a tendance à minimiser ses douleurs alors je veux le faire parler. Mais on a trop froid et il ne sent pas trop. Il a mal, ça c’est sûr.

On fait chauffer la voiture parce que le soleil n’est pas assez puissant et la glace ne fond pas à l’intérieur, le temps qu’on range tout le merdier. Décollage. La voiture souffle de l’air froid, c’est étonnant, c’est chaud rapidement d’habitude. 10 bornes après être parti, Séverin dit : « La jauge indique que le moteur est hyper chaud, on est au max ». Ah, ça commence. On se dit que c’est sûrement la jauge qui merde vue qu’on a dormir dedans et que c’était gelé. On pousse un peu plus loin, mais pas beaucoup plus. On couvre le capot, la voiture fume… hum hum, pas bon ça. On fait demi-tour pour revenir dans le bled et trouver un garage. Pas de garage ici. Mais le mec de la superette nous donne l’adresse du plus proche, c’est à 18 bornes. On est sur le parking de la superette, devant la voiture avec le capot ouvert à regarder comme trois couillons ce moteur qui fume, complètement démuni car aucun de nous ne s’y connait en mécanique… Un 4x4 s’arrête à côté de nous et le mec nous dit : je suis mécano, je peux vous aider ? Alléluia !! Il vide 2L d’eau dans le circuit, tapote des tuyaux et parvient à faire baisser la température. Cool ! Il nous donne sa carte de visite pour qu’on vienne dans son garage pour un check complet, sauf que son garage est complètement à l’opposé de là où on veut aller. On repart, heureux de l’avoir croisé, on se dit qu’on a de la chance ! Mais c’est pas fini…

On repart, en zyeutant la jaune. Merde elle est déjà au max ! Bon ba on s’arrête. On a les pieds congelés, il n’y a toujours pas de chauffage ! 5 min après on repart, on est à la moitié de la jauge. 2 kms plus loin, re-arrêt, on est re au max. Puis re-2kms, re-arrêt. Sauf qu’il y a 18 kms à faire ! Lol on n’est pas arrivé si il faut qu’on les fasse 2 kms par 2 kms… Séverin test le 40 km/h en 5ème, ça fonctionne, la température descend ! On continue comme ça jusqu’au garage.

Il est 14h, le garagiste branche le tuyau d’arrosage et complète le circuit. Je ne sais pas combien il déverse d’eau là-dedans mais ça ne déborde toujours pas ! Il part bouiner un truc et nous on inspecte. Ça fuit en dessous… Tout ressort quelque part. Il revient et observe. C’est la pompe à eau qui fuit. Youpi youpi joie ! Et la douloureuse dans tout ça ? 600 dollars. Oh putain, c’est hors de question qu’on paye, c’est pas notre voiture !

Bon faut demander à la fille, la proprio de la voiture. Mais pour ça : internet où es-tu ?! Dans le café du coin. Forcément, impossible de la joindre. On glandouille dans le café le temps qu’elle réponde. Mais pour ça on attend bien 2h. Phase de négociation avec elle, Richard et nous. Ça a l’air bien compliqué. Ils appellent le garage et négocie avec le mec, nous pendant ce temps là on reste scotché au chauffage du café. Il est bientôt 17h, le café ferme mais un arrangement est trouvé, c’est Richard qui prend toutes les réparations en charge. On ne cherche pas à comprendre, on dit ok. Encore des magouilles à la Richard ! De toute façon il était hors de question d’avancer les sous, quitte à laisser la voiture ici et revenir en bus.

Je cours au garage en espérant que le mec soit encore là pour lui demander si on peut quand même dormir dans la voiture, planter la tente et voir si un feu est envisageable autour. On ne recommence pas comme hier, il fait trop froid sans. Il y a le mec et sa femme à l’extérieur. Ils sont ok pour la voiture et la tente. La femme me regarde quand même avec des grands yeux en disant qu’il gèle le matin… Oui, oui, on sait ! Quand je demande où on peut faire un feu pour se réchauffer, ils se regardent et baragouinent un truc que je ne comprends pas, j’entends juste le mot « house ». Oh, oh, ça sent la bonne nouvelle ! Je suis la fille, elle m’emmène dans le fond du jardin-dépôt de voiture, il y a une maison vide qui leur appartient, les locataires sont partis il n’y a pas longtemps mais comme on a tout dans la voiture c’est parfait pour nous ! On peut même faire un feu dans le poêle !

Les garçons arrivent quand on a fini la visite, ils ne connaissent pas encore la bonne nouvelle. Elle me dit : vous pouvez rester autant de temps que vous voulez (sachant qu’on est samedi soir et que la voiture ne sera prête que mardi soir). Et elle ajoute : pour 10 dollars par personne ça vous va ? Carrément, c’est le même prix qu’une place de camping pour dormir dans la caisse !

Feu (et c’est le cas de le dire, les garçons sont déjà en pleine préparation du chauffage !), vidage de voiture pour réorganiser un peu ce merdier et DOUCHE CHAUDE ! On se dit que finalement, on a de la chance dans nos péripéties, on ne pouvait espérer mieux !

Ah si, une passoire pour égoutter le riz ça n’aurait pas été mal ! Il est un peu trop cuit et un peu trop eauteux (comme dirait quelqu’un !), une cible parfaite pour un jeu de fléchette à la fourchette ! Non, ce n’est pas moi qui ai eu l’idée !

Dodo au coin du feu, tous les trois dans le salon, d’un coup l’épreuve du pyjama est vachement moins contraignante !