Ça fait maintenant 10 jours qu’on est arrivé chez David et Trudi, un couple de retraité très sympa. Quand on est arrivé il y avait un autre français en helpx aussi, Geoffroy, avec qui on a bien sympathisé. La conversation se passait bien avec tout le monde même si des fois on ne comprend pas tout et on sourit… Sont cons ces français des fois… Bref. Je suis la seule fille et Trudi me prend vite sous son aile parce qu’elle n’aime pas faire à manger et que moi ça me convient bien de troquer la truelle contre le fouet (de cuisine bien sûr !). Bref crumble et petits plats français sont de la partie. Les garçons ronchonnent un peu parce que quand il fait froid j’ai le droit de rester à l’intérieur pour faire à manger (c’est ma mission du jour) pendant qu’eux travaillent dehors. Je suis sa chouchoute comme ils disent. Pour autant, ils ne crachent pas sur mes cookies !

Nous devions rester seulement une semaine mais notre hote suivant a annulé pour cause de décès dans sa famille. Mais David et Trudi nous ont gentiment invités à rester le temps qu’il nous fallait. Ayant précisé qu’on faisait comme chez nous, on a regardé séries et match de basket en streaming, sans limite. Ah, le seul problème c’est qu’une limite il y en a une, sur leur box. Et qu’on est le 6 du mois et que nous avons déjà consommé plus que leur forfait mensuel, qu’ils ne dépassent jamais d’habitude… Oups. Bref, remontée de bretelle (mais bon on ne savait pas).

Ensuite Geoffroy est parti pour laisser la place à un couple de république tchèque (avec un accent à couper au couteau, on était au bord du fou rire quand on l’a entendu parler !). Je n’imagine pas ce qu’ils ont dit de nous quand on a ouvert la bouche, ça devait être pire !

La journée c’est le défilé dans la maison, Trudi a de nombreux enfants (qui ne sont pas ceux de David) et ils habitent tous dans le coin. Un jour c’est le fils (et ses 2 enfants) qui a fait fortune dans l’immobilier qui vient montrer sa nouvelle et 6ème voiture de luxe (oui, oui, 6ème de luxe). Cette fois ci il a craqué son slip pour une Aston Martin Rapide S… Pas de commentaire et pas touch non plus ! Puis un autre fils qui a passé quelques jours avec nous. Il était autiste, mais le courant passait bien avec nous (bien mieux qu’avec David, qui ne pouvait pas le saquer !). Et puis il y a eu sa fille : Daphné, qui a passé 3 jours ici. 3 jours de trop. 1er soir, tout se passe bien (à part ses chiens qui trainent partout et qui veulent des calins…). 2ème soir elle monopolise un peu la conversation mais ça tombe bien comme ça on n’est pas obligé de parler ! On fait un coup de débarrassage avec l’autre couple, le lave-vaisselle est plein, David nous dit : ok laissez, vous ferez ça demain. Ok. Bonne nuit, tout le monde dans sa chambre. 5 minutes plus tard un ours frappe (dégomme) à la porte. Ou-ui tremblant. « ma mère est en train de faire votre vaisselle, je rêve ». Oh ça sent pas bon, elle est furax là… On bondit du lit pour aller laver les 2 bouts de plat qu’il reste pendant que David nous dit de repartir et qu’elle n’est pas chez elle et qu’elle n’a rien à dire. Euuuuh qui a envie de se barrer de la cuisine vite fait bien fait parce que ça sent le roussi ??? Nous !! Bref, la vaisselle est faite, dodo !


Lendemain, il ne fait pas beau (il pleut des cordes) et ils nous disent qu’aujourd’hui c’est un jour de vacances parce qu’on ne peut pas travailler dans le jardin, et qu’on a que la cuisine à faire et un bout d’aspiro à passer. Ça va. Sa fille a dormi là et on surprend une conversation où elle dit à sa mère « il faut que tu les fasses travailler tous les jours, ils mangent tous les jours alors ils bossent ». Ok, heureusement qu’on n’est pas allé chez elle à Wanaka, elle fait aussi du helpx, les pauvres ! L’aprèm j’entreprends un risotto pour le soir. Marin me propose son aide que j’accepte, on a l’habitude de cuisiner tous les deux. Toute la famille est dans la cuisine-salon-bureau (grande pièce !). Il faut juste faire fondre les cubes de bouillon de poulet dans l’eau bouillante. On prend le premier truc qu’on connait dans la cuisine et le pichet nous parait adéquat. Je mets les cubes, Marin verse l’eau bouillante et on retourne à notre riz. Puis PAF, explosion générale, il y a de l’eau et du verre partout, j’en reçois sur mon pantalon, ça chauffe. La fille de Trudi démarre au quart de tour, elle gueule, on vient de mettre de l’eau bouillante dans une carafe en cristal qui date d’il y a 50 ans et elle vient d’exploser… Trudi part pleurer dans sa chambre (c’était un cadeau de sa mère) pendant qu’on tente de nettoyer notre bêtise. Sa fille nous hurle dessus : ces jeunes sont stupides, vous faites vos bagages et je vous dépose au premier arrêt de bus. Ok, on n’est plus les bienvenus, on a compris. On va s’excuser, comme on peut, avec les mots qu’on a. On a envie de dire beaucoup de chose mais déjà qu’en français on n’est pas à l’aise avec ce genre de situation, mais alors là on n’est pas au top… J’ai envie de fuir, je ne me sens pas la force de les affronter ce soir, demain matin, pendant les 3 jours à suivre. Je préfère fuir (et sa fille veut vraiment qu’on dégage). On réserve une chambre pour la nuit dans la ville où on est, puis je croise Trudi qui me dit qu’on peut rester, que sa fille est explosive et qu’elle dit ce qu’elle pense. Elle me prend dans ses bras et me dit de réfléchir à ce qu’on veut faire. David, lui, nous dit juste après : elle est folle et en plus elle n’est pas chez elle, vous pouvez rester, c’était un accident. Je suis perdue, je suis en pleure, je déteste ces situations. Mais il faut que je fasse face, fuir n’est pas une solution pour régler le problème. Marin me convient de rester, alors on reste. Je recommence mon risotto.

La fille s’en va, on n’est pas mécontent ! Le soir ils ne sont finalement pas là pour manger et ça me soulage. Le lendemain, Marin vient dans la cuisine pour m’aider un peu mais il se fait poliment virer sous prétexte que lui n’est pas un « good cooker » et que je peux m’en sortir toute seule. Message reçu. Bon heureusement qu’il ne reste que 3 jours parce qu’une situation comme ça je ne peux pas le supporter très longtemps. On est 2, on nous accepte tous les 2.

Mais la pilule a l’air d’être passée, ça va mieux maintenant. On retourne à nos pavés, faire l’allée principale !